[Avis PC] Endless Space 2 – La Guerre des étoiles est déclarée !
Dans l’espace personne ne vous entendra crier ‘ Tour suivant ‘ !
Il y a des suites qu’on redoute avec anxiété, d’autres qu’on regrette avec vigueur et enfin celles, de plus en plus rares qu’on attend avec impatience les yeux scintillant de l’espoir de ne pas être déçu. C’est ainsi que s’est terminée le 19 mai 2017 de manière inattendue l’attente pour le dernier 4X né des studios français d’Amplitude, Space Endless 2 ( ES2 ). Deux ans après son annonce et après une longue période d’accès anticipé qui a permis une participation très active de la communauté au développement du jeu, nous voilà enfin de retour dans l’univers mystérieux et dangereux des Endless.
On prend les mêmes et on recommence
En tant qu’Empereur de votre civilisation, vous aurez à évoluer dans le carré magique du ‘ Exploration, expansion, exploitation, extermination ‘ en avançant tour par tour vos vaisseaux sur l’échiquier galactique. Vos flottes vous permettront de découvrir de nouveaux systèmes, chacun ayant ses petites surprises à offrir, de négocier avec de nouvelles civilisations, d’étendre votre réseau commercial ou tout simplement de partir à la conquête des mystères de l’univers immense et riche qui vous entoure. Les conditions de victoires sont nombreuses, de la science à la diplomatie en passant par les armes et le commerce tout est bon pour être le plus grand et plus fort des empires qui l’emportera sur les autres.
Tout ceci ressemble fort à une description qu’on aurait pu donner du précédent opus, si le coup de jeune graphique et le travail exemplaire sur l’interface ne nous rappelait pas que nous sommes effectivement en train de jouer à son successeur. L’ajout des quêtes issues d’Endless Legend permet d’aiguiller les joueurs qui pourraient être perdus mais aussi de donner des objectifs et récompenses uniques pour les joueurs plus expérimentés. Les premiers pas se font donc en terrain connu, avec de grands airs de déjà vu, malgré tout, les éléments nouveaux apportent une vraie plus-value rendant l’opus encore plus riche, complexe et intéressant.
Ainsi meurt la démocratie sous un tonnerre d’applaudissement
C’est là que se met en œuvre le travail des équipes d’Amplitude Studio et leur fort lien avec leur communauté, vous avez l’impression de rejouer à ES1 ( Endless Space 1 ), mais au bout de quelques tours vous découvrez que même si les bases sont les mêmes, le jeu est totalement différent. Huit factions principales, toutes fortement différentes en terme de gameplay, histoire et philosophie, s’affrontent au milieu d’une kyrielle de factions mineures dont il faudra s’attirer les faveurs avec diplomatie ou avec force de conviction militaire pour obtenir une quête permettant de développer une technologie ou un module unique.
Toutes ses relations avec les autres factions influenceront sur le système politique de votre propre Empire qui devra trouver sa voie parmi les 6 partis politiques et les 4 régimes proposés. Bien que vous soyez Empereur tout puissant toutes vos décisions que ce soit les constructions, colonisations, projet de recherche ou contrats modifieront la majorité sénatoriale de votre empire et ainsi les bonus auxquels ce dernier vous donnera accès. Un savant mélange entre les 2 factions principales vous permettra par exemple de développer votre science pour prendre un avantage technologique tout en gardant les militaristes en second place au sénat pour pouvoir développer votre flotte avec les avantages technologiques que vous aurez acquis, le tout vous assurant un réel avantage lors des futurs combats à venir. La gestion politique de votre empire prend alors une part importante, un système extrêmement gratifiant si bien utilisé mais particulièrement dévastateur et pénalisant si vous n’en tenez pas compte.
Même si on regrettera que tous les partis ne soient pas dotés de quêtes permettant l’essor de leur développement, les militaristes seront quant à eux assez facile à exciter à la moindre incartade belliqueuse alors qu’il sera quasi impossible de s’attirer les faveurs des scientifiques sauf en utilisant la pression des lobbys. Ce système complexe sert de colonne vertébrale aux X qui sont l’essence de ce genre, prenant une vraie dimension lors des parties multijoueurs, il permet même de changer d’objectif à mi partie en ayant tous les inconvénients d’une minorité au sénat tout en gardant une bonne chance de victoire, ce qui est assez rare pour un 4X.
Il était une fois ….
L’une des particularité des 4X d’Amplitude est la parfaite asymétrie de leur factions ainsi que leur grande force narrative, chaque faction possède en dehors des mécaniques de base une particularité propre qui conditionne la manière de la développer, le tout associer avec une quête principale longue et intense amenant le joueur à découvrir le passé de la factions et à choisir quel sera l’avenir de celle-ci.
Les Cravers, guerriers à la conscience unique depuis longtemps abandonnés de leurs maîtres consomment les planètes comme des parasites. Les Riftborn ( Peuple de la faille ), tiré de leur univers par la corruption apportée par le nôtre, ne consomment pas de nourriture, il préfèrent bâtir leurs citoyens et utilisent leur capacité à maîtriser l’espace pour créer des bulles quantiques qui accélèrent ou ralentissent le temps. Les ancestraux Unfallen ( Persistant ), sorte d’Ents spaciaux, relient les systèmes par un réseau de racines aux larges avantages. Les Vodyani quant à eux sont les survivants de la surexploitation de leur monde natal, terrifiés par les erreurs du passé, ils exploitent avec ferveur les ressources des différents systèmes depuis leurs arches en orbite, prêts à embarquer leurs améliorations en partant vers d’autres mondes. Les Horatios, race issue du rêve de manipulations génétiques d’un multimilliardaire narcissique menacé par sa propre idéologie de perfection. Certaines factions sont clairement moins hautes en couleur et en personnalisation sûrement pour permettre aux débutants d’apprivoiser les bases du jeu comme la mafia commerciale des Lumeris, famille commerciale achetant de nouvelles planètes plutôt que de les coloniser, ou les Sophons et les humains possédant des caractéristiques propres très anecdotiques. Cette asymétrie assumée souffre qu’un équilibrage bien moins réussi que celui d’Endless Legend mais de gros efforts sont à saluer sur les histoires de chacunes d’elles.
Emprunt de minutie et poésie, chaque quête est présentée comme une page du grand livre de l’histoire de la faction. Une sorte de didacticiel illustrant les héros, la biographie et le design unique des vaisseaux, le tout enrobé par une bande-son qui offre une élégance et une personnalité à chaque faction. Une harmonie réussie entre le fond et la forme, une synthèse réussie avec brio par Amplitude.
Oh mon vaisseau oh oh oh … il vogue sur les xenos
Politique, quête et événements, de quoi égayer vos parties, et pourtant tout cela ne guérit pas les maux inhérents aux 4X, notamment en terme de langueur. Parfois lent, surtout quand vous aurez épuisé les arcs scénaristiques ou que la diplomatie deviendra secondaire, vous entrez plus rapidement dans le ventre mou de la bête lorsque vous tirez les mauvaises cartes en matière de système de départ et de faction. En outre, on atteint assez vite les limites d’une IA pourtant très convaincante qui maîtrise habillement les routes commerciales pour se diriger à grand pas vers une victoire économique et qui défendra parfois avec brio ses frontières, cependant elle reste très limitée quant à l’accès aux choix d’armements de ses flottilles, les batailles devenant très rapidement triviale lorsque vous avez adapté vos propres vaisseaux. Maintenant capable de représailles l’IA saura faire preuve de convictions et déclarer une bonne guerre quand vous tenterez de s’étendre chez lui.
La guerre parlons-en, c’était l’un des points noir du premier opus, les choses se sont un peu améliorées mais il reste de la place pour quelques ajouts bienvenus. Au début d’un affrontement, le jeu dresse un petit bilan des forces en présence et de leur armement, il laisse alors au joueur le choix de la tactique à adopter, ces dernières se débloquent via la recherche et définissent les manœuvres types de la flotte, ‘ colonne 1 mi distance, colonne 2-3 contact ‘ par exemple, au joueur ensuite d’attribuer ses vaisseaux aux colonnes pour optimiser l’efficacité des armes et bouclier. Cela paraît assez simple dans les explications, mais Amplitude Studios y apporté le plus grand soin, on observe ses batailles de loin en bon empereur du haut de sa colline spatiale, on est stupéfait par la qualité de rendu du moteur Unity et le sens du détail, malheureusement le joueur finit irrémédiablement par passer ses batailles sauf les plus dantesques. Une bonne guerre c’est aussi de bons vaisseaux, il est possible d’éditer chaque vaisseau pour modifier son armement, ses modules et ses boucliers à sa guise pour créer la flottille de vos rêves ou tout simplement chercher le modèle le plus efficace pour éradiquer les armadas ennemies.
Passer les quelques premières batailles avec les vaisseaux et tactiques de base, on se prend au jeu de la course à l’armement tout en découvrant au fur et à mesure les petites subtilités du système. Le tout reste tout même assez mince, sans parler des combats au sol, qui se résume à un pierre-feuille-ciseau.
Conclusion
Si le jeu souffre d’un lancement en demi teinte, entaché par une version 1.0 instable, sous optimisée et déséquilibrée, la rendant très désagréablement jouable passé le milieu de partie. Amplitude a su réagir rapidement éclipsant les débuts bancals pour offrir au joueur un titre de très bonne facture, Endless Space 2 ne renie pas son arbre généalogique en tirant le meilleur de ses aïeux sans vraiment changé ses origines. Même si rien n’évolue vraiment de manière significative, les ajouts sont bien pensés et le jeu nous offre le meilleur des envies et projets de ses créateurs. Loin d’être une révolution dans le domaine du 4X ou même un monstre caché dans un placard, ES2 nous offre une expérience riche et complète, personnelle et pleine de caractère, ou le joueur novice ou confirmé pourra se perdre des heures durant dans le doux manteau des mystères des Endless, sans être confronté à la rugosité abrupte qui caractérise parfois les 4X. Certains s’inquiétaient du passage d’Amplitude sous l’égide de Sega, même si certains effets se sont fait sentir, comme les retards de développement ou les politiques tarifaires, espérons que la volonté de supporter ses jeux sur la durée en leur donnant un contenu toujours plus profond restera.
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