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Avis PC – Divinity Original Sin 2 – il n’y a pas de vie dans l’Aneant

Alors que d’autres essaient de ressusciter le RPG d’antan, chez Larian on cherche à créer la formule du RPG de demain, un premier essai en 2014 avec Divinity : Original Sin est confirmé par une sortie l’année suivante d’une Enhanced Edition proche de l’exemplarité. Un tel succès donna naissance au projet Divinity : Original Sin sous l’impulsion d’une campagne Kickstarter largement financée. C’est ainsi qu’après de nombreux mois d’attente on a enfin entre nos mains le saint graal du RPG moderne. Mythe ou réalité, à grand renfort de nuits écourtées, de repas oubliés ou de douches succinctes, c’est une centaine d’heure qui ont été nécessaire pour explorer les mystères de ce jeu bercé par sa musique enivrante et pouvoir vous livrer mes impressions.

Le bon la brute et l’anéant

Divinity : Original Sin 2 (DOS2) sait vous plonger directement dans l’action et ne tarde pas à vous mettre dans l’ambiance. Chasseur de Sourcelleurs dans l’opus précédent, le joueur devient désormais la proie qu’il était censé chasser dans le monde de Rivellon qui a certes pris un coup de vieux d’un millénaire mais où les problèmes du de cohabitation entre espèces n’ont pas été résolus, loin de là. De nombreuses créatures inter dimensionnelles viennent rajouter aux troubles environnants et semblent être attirés par cette magie dont vous êtes imprégnés ; traités comme du bétail les citoyens comme vous sensibles à la Source sont enchaînés à l’aide de collier neutralisants et parqués sur une île : Fort Joy. C’est là que vous allez débarquer après une petite escapade nautique au goût de tutoriel, en compagnie d’autres échoués vous serez à même de monter un groupe de 4 compagnons pour vous accompagner dans vos quêtes de liberté. Mais avant de partir à l’aventure, il s’agit de créer son personnage.
Toute aventure commence par un aventurier, même si le joueur peut créer de toute pièce son héros, Larian met à disposition 6 ‘ origin stories ‘, personnages entièrement écrit – avec leurs motivations, intrigues, liens, quêtes, options de dialogues et talents uniques – que l’on découvre via un monologue bien réalisé avec ambiance musicale et sonore.

Sebille est une elfe qui a subi une vie d’esclave et cherche à se faire justice en assassinant ses anciens geôliers. Fauve est un noble nain bourru au pied marin qui a été exilé après un coup d’État raté contre sa reine. Lohse est une musicienne mystique qui est habité par un démon. Le Prince Rouge est le prince des lézards qui cherche à redonner vie à son empire d’antan. Ifan ben Mezd est un hors la loi humaine essayant d’échapper à ses anciennes fréquentations tout en rachetant de ses péchés passés. Et enfin Fane, un mort-vivant qui s’est réveillé dans un monde qu’il ne connaissait pas. Chacun d’eux a suffisamment de poids dans l’histoire pour pouvoir infléchir voire télescoper les décisions du joueur, qu’ils soient compagnons ou personnage principal, ils apportent un véritable plus à l’expérience de jeu aboutissant à quelque chose de vraiment unique. Chacun dispose d’une quête fil rouge qui traverse le jeu de bout en bout, elle se ramifie à chaque acte, elle peut brusquement changer votre aventure ou tout simplement vous offrir une fin que vous n’auriez pas imaginée. Certains moments seront poignants d’autres cruels mais ces segments du jeu sont parmi les meilleurs en terme, offrant noirceur et rebondissement ils apportent un vrai plus à l’aventure du joueur. Larian a pensé à tout pour le confort de ces vedettes, vous pourrez leur attribuer la classe et les statistiques que vous désirez, pas de contrainte ou de personnage gravé dans le marbre et la coercition.

Bien sûr, il est possible de faire fi de ces aventures et créer son propre personnage en prenant soin de se tenir très loin du casting vedette, vous n’échapperez cependant pas au système d’étiquettes qui définissent les grandes lignes du comportement de votre personnage en ouvrant ou limitant de nouvelles options de dialogues. Un hors-la-loi sera prompt à montrer sa lame pour se faire comprendre, un érudit ou un mystique sauront reconnaître des signes magiques ou des éléments historiques, un noble montrera son mépris pour la fange roturière qui l’entoure. Le tout est entièrement doublé en anglais jusqu’au moindre rat d’égout qui vous montrera son intention par des intonations de voix propre. La version française n’est pas en reste avec des dialogues très bien écrit malgré quelques libertés qu’on saura leur pardonner tant elles sont bien senties.

Les dieux sont morts, vivent les dieux

Revenons à nos moutons ou plutôt à nos pérégrinations une fois sorti du tutoriel. Le premier chapitre prend racine sur l’île de Fort Joy et nous met rapidement dans le ton, inondé de lignes de dialogues dans un endroit exigu vous vous retrouvez à résoudre de petites quêtes domestiques pour finir en clin d’œil – de 3 heures – par tuer des limaces au fond d’une grotte. Ce premier chapitre est très riche, une vingtaine d’heure sera nécessaire pour s’exfiltrer de l’île et rentrer de plein pied dans votre épopée légendaire.
Mais aura-t-on l’audace d’aller plus loin, est-ce possible de monter d’un cran la quantité aussi bien que la qualité par rapport à votre escapade à Fort Joy. Eh bien oui, non seulement on gagne profondeur mais aussi en largeur, là où DOS avait tendance à nous faire évoluer dans un monde plein de légèreté, Larian a appris de ses erreurs pour nous offrir de la noirceur et intéresser le joueur à sa quête principale, sans renier une certaine dose d’humour et de loufoque. On ne saisit cependant pas tout à fait le folklore de Rivellon tant il est noyé dans les quêtes et les dialogues anodins d’une vie quotidienne elle très bien retranscrite. Il est cependant tout à fait possible de traverser le jeu telle une locomotive en se limitant au stricte nécessaire (ou en utilisant certains bugs) mais c’est se priver de la kyrielle de quêtes et d’histoires annexes toutes aussi bien écrites. De plus chaque quête aura son impact sur la structure de la suite de l’histoire, ainsi une quête anodine de Fort Joy peut avoir un impact certain sur la manière dont vous allez quitter l’île ou même influencer votre sort plus loin dans l’histoire. La trame scénaristique est bien pensée, même si l’on se perd facilement dans le volume de quête, un peu d’effort de la part du joueur lui permet d’apprécier sa progression qui s’accompagne de récompense en conséquence. Loin du brouillon de DOS, on prendra plaisir à finir les quêtes restantes dans votre journal avec les efforts de recherche et de compréhension qui les accompagnent.

L’habit ne fait pas le moine guerrier

DOS2 est un RPG qui s’apprécie aussi bien solo qu’à plusieurs, la plupart des problèmes n’ayant pas de solution unique, l’expérience de chacun pourra différer mais elle s’enrichira surtout. Là où certains auront fait preuve d’une pugnacité et d’une sagacité éprouvé pour résoudre une situation épineuse d’autres auront montré leur ‘ finesse ‘ en fonçant dans le tas en tuant tout ce qui dépasse et d’autres encore passeront totalement à coté de cette difficulté par la persuasion, la supercherie ou tout simplement la chance. Vous pourrez parler aux animaux, et apprécier leur personnalité marquée, les elfes de votre groupe pourront se nourrir des bouts de cadavres dans un trip chamanonécrovoyant et explorer la vie de ceux qu’ils consomment, vous pourrez aussi utiliser vos pouvoirs de source pour explorer l’entre deux mondes où les esprits seront souvent bien plus loquaces que leurs contreparties terrestres. Nombreuses sont les possibilités que Larian offre aux joueurs pour avancer dans le monde de Rivellon.
Un grand choix de statistiques
Parfois l’abondance de choix diminue grandement l’impact et l’importance de ces choix eux-mêmes, Larian a fait le choix de nous offrir (heureusement) toujours une échappatoire pour rattraper une éventuelle bévue ou un raté. Rien n’est automatique, le monde de Rivellon n’est pas forcément ancré dans la dichotomie ce qui parfois réservera un peu de surprise aux joueurs les plus persévérant mais surtout le plus preux et valeureux ne sera pas toujours le mieux récompenser, parfois même le plus tordu trouvera un trophée à sa valeur. Il faudra compter sur les erreurs de votre passé pour revenir vous hanter et influencer votre avancée au fur et à mesure de la partie, un anonyme que vous avez négligemment attaqué se révèlera parfois être un chef d’un groupe de rebelle ou un riche négociant quelques actes plus loin. Dans cet exercice DOS2 se montre particulièrement doué avec un tissu narratif qui saura émoustiller même les plus purs rôlistes. Bien sûr on est encore loin de l’expérience offerte par un bon MJ, mais on s’en est rarement autant approché.

Mention spéciale pour la musique, malgré l’envolée pour le paradis des musiciens du l’auteur des musiques du précédent opus, l’arrivée de Borislav Slavov (connu pour les musiques de Ryse, Crisis2, ou Two Worlds 2 ), se fait remarquer. On passe souvent quelques instants perdus dans nos pensées à écouter la douce mélodie empreinte de folie et d’insouciance qui nous berce dans nos aventures.

A la pêche aux péchés

Cependant aucune copie n’est parfaite et malgré toutes les louanges qu’on peut accorder au titre de Larian, il reste abrupt et rugueux sur certains aspects. Tout d’abord un choix que l’on applaudit des mains, celui de ne pas céder aux dictat des marqueurs à l’écran, posera un problème pour le joueur moyen, tant la carte est épurée et le journal de quête vague et général. Le tout tient bon pour les plus acharnés tant et dû à un scénario bien réglé mais souffre sur les derniers chapitres par la nécessité de récupérer tel objet ou tel dialogue avec un personnage pour avancer, même les plus acharnés pourront se décourager face à tant d’opacité. C’est surtout dommage quand Larian a su éviter le piège du contenu qui s’étiolerait au fur et à mesure, en effet le jeu tient la distance tant en générosité qu’en inventivité avec quelques densités bienvenues qui pimentent l’aventure.

Un journal de quête succinct

Tant qu’on arpente la section des défauts il faudra noter la maladive obsession de Larian à dissimuler des boutons à quasiment toutes les énigmes obligeant parfois le joueur à partir dans une chasse au pixel. Le nouveau de de persuasion qui remplace l’amusant pierre-feuille-ciseaux de DOS1 se trouve être bien plus obtus et inintéressant, bien qu’on donne le choix de la caractéristique à utiliser (force, dextérité, constitution …), la réussite sera déterminée principalement par l’attrait de persuasion du personnage. Rajoutons à tout ceci quelques bugs épars : une entrée de journal qui ne se clôt pas, des dialogues qui se lancent avec le mauvais compagnon, des objets parfois un peu bugués. Larian a certes su vaincre quelques-uns de ses vieux démons mais le produit final trahit probablement un petit manque de travail sur la longueur. On fait cependant confiance à Larian pour régler tous ces problèmes avec un Enhanced Edition qui saura s’imposer à nous d’ici la fin de l’année prochaine.

Persuasion forcée ou force de persuasion

L’art de la guerre

En parlant de démons et d’engeances, vous allez en combattre et le combat parlons-en. Avec le précédent opus Larian a su réinviter le combat en tour par tour en basant ses affrontements sur des surfaces élémentaires à répandre, nettoyer, contrôler ou combiner. Une pluie formera une flaque d’eau qu’on pourra empoisonner puis enflammer dans une belle explosion puis corrompre. On pourra même utiliser une belle touche finale en tuant votre ennemi en leur téléportant un coffre sur la tête. Une certaine poésie se dégage alors des combats où le joueur pourra laisser libre cours à sa créativité pour occire ses ennemis de centaines de manières différentes. L’addition de bénédictions et malédictions par rapport à son prédécesseur augmente considérablement le nombre de possibilités mais aussi de sorts, faisant évoluer considérablement le gameplay.

La difficulté fait honneur à la richesse de ses combats. Bien que Larian soit encore quelques problèmes d’équilibrage certains combats offrent une réelle résistance même dans les difficultés les plus basses. Souvent il faudra mettre son égo de côté et fuir un combat trop ardu pour revenir plus expérimenté de quelques quêtes et se débrouiller plus vaillamment. Certains seront tenté de glisser vers la difficulté inférieure pour ne pas trop froisser leur dignité lorsqu’ils rencontreront des ennemis que leur groupe ne semble pas pouvoir gérer. Pas très joli tout ça, mais parfois nécessaire pour avancer.

Soyez prêt pour le combat

Situation difficile

On terminera la fête entre amis, en effet le mode coopératif s’ouvre désormais à 4 joueurs. Même si disparition du pierre-feuille-ciseaux enlève un certain charme aux disputes, les nouvelles possibilités de combat donne sa part de travail à chacun. L’ajout d’une fonctionnalité Game Master permettra via un éditeur plutôt performant de faire vivre vos plus belles campagnes de puriste et de rallonger la durée de vie du jeu de plusieurs dizaines d’heures, ces scénarios peuvent être mis à disposition sur le Stream Workshop.

DOS2 Mj

Conclusion

Le péché originel saura ici être pardonnée à une œuvre comme Divinity Original Sin 2 qui vous offrira une expérience de jeu délectable et passionnante pendant 90% de votre temps, tandis que les 10% restant serviront à maudire de tous les diables Larian pour ce jeu que vous aimez détester car sorti peut être trop tôt. La sortie de l’Enhanced Edition qui ne manquera pas d’arriver dans quelques mois offrira à tous l’expérience mature de ce qui pourrait être l’une des pierres angulaires du RPG occidental de son époque, nourrissant dans son giron une meute de passionnés prêt à étoffer son contenu. Un jeu qui s’offre tout en générosité, saveur et ingéniosité, drôle et prenant tout en sachant équilibrer les mots et les armes.

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Reogar

Rédacteur / Ancien gros farmeur de MMO, explorateur invétéré des RPG et tacticien des STR

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